Digital/Divide est une colonne mensuelle consacrée à tous les genres et sous-genres de ce magnifique monde de la musique électronique et dance.
Lorsque le footwork a d'abord émergé de ses réjouissances locales de Chicago pour entrer sur la scène mondiale, il semblait à certaines oreilles non préparées assez simple et prêt à l'emploi. Les tempos rapides et les échantillons vocaux hachés ressemblaient plus à une extension intelligente de ce qui est familier qu'à une révolution opportune dans le club, largement conduite par des producteurs de couleur tels que DJ Earl et Traxman.
Le décès prématuré du pionnier DJ Rashad il y a trois ans a prouvé être la plus profonde tragédie personnelle de la communauté, pourtant ses pairs et ses suiveurs avancent comme s'ils agissaient en son honneur. Et quels œuvres glorieuses ils ont créées, délivrant vague après vague de permutations aussi progressives qu'intrigantes.
Il est sans doute discutable d'appeler ce que fait la célèbre Jlin footwork, tant cela équivaut à qualifier Burial d'artiste dubstep. Pourtant, la distancer de ce genre vital et fertile prive involontairement ce mouvement musical vibrant afro-américain de l'un de ses luminaires. Une écoute libératrice, son dernier album *Black Origami* [Planet Mu] projette le footwork plus loin dans une magnificence rythmique bienheureuse.
Une sensibilité spirituelle orientale règne ici malgré les références ancrées de Jlin dans le Midwest. Nommé d'après la pharaonne égyptienne, "Hatshepsut" apporte une ligne de tambours au désert. Un écho vocal fragmenté éclate à travers "Holy Child" comme un ghazal, imprégné de beauté poétique et d'un bas du spectre qui endoctrine. "Carbon 7 (161)" évoque Muslimgauze, un bavardage frénétique accostant des affaires percussives urgentes.
Bien sûr, Black Origami n'est pas une simple fantaisie orientale. Au contraire, il révèle une artiste cherchant à établir des ponts entre les influences et traditions musicales de manière fraîche sans renoncer à ses racines. L'échantillon menaçant de Resident Evil sur "1%" nous ramène à notre dystopie occidentale émergente dans une cascade de buzz chauds et d'appels d'alarme. Le banger destiné à la piste de danse "Never Created, Never Destroyed" se secoue et grince autour des tropes fugitifs des films de Tarantino. Pourtant, lorsque les hémisphères fusionnent harmonieusement sur "Challenge (To Be Continued)", le statut visionnaire de Jlin reçoit une juste confirmation.
Bien que moins universellement connu qu'Aphex Twin ou Autechre, cet artiste de Manchester possède une discographie admirée et aimée par les dévots de l'IDM. Après une décennie sans nouveau matériel, Darrell Fitton revient à la fois sous le nom de Bola et sur l'imprimerie Skam pour cette dernière entreprise tant attendue. Contrairement à certains des nerds mathématiquement diaboliques des années 90 opérant à la périphérie fantastique de l'electronica, le travail de Fitton a toujours gardé une certaine mélodie tout en embrassant la bizarrerie. Cela se poursuit ici, dans le saut de carrousel d'"Herzzatzz" et la torpeur downtempo de "Kappafects." Un subtil frisson de jazz ouvre "Avantual," qui évolue rapidement vers une funk informatique ombrageuse. N'ayez crainte, fidèles du breakbeat ; cet electro piquant mais solide que Bola fait si bien revient dans "Landor 50X2," un moment fort de l'album. La suite en trois parties "Pelomen Vapour" constitue un bel élément central qui semble étrangement adjacent à certaines productions pop-trap plus entraînantes d'aujourd'hui.
Cashmere Cat: 9 [Mad Love / Interscope]
Bien qu'étant le plus chaotique de tous les albums de Kanye West, le dernier The Life Of Pablo présente des points lumineux. Cashmere Cat apparaît sur "Wolves," une élévation gonzo de proportions pop positives. Ceux qui ont sans cesse imploré en ligne pour sa correction trouveront peu de défauts dans ce spectacle délicieusement dément du producteur scandinave. Son maximalisme rappelle celui de Hudson Mohawke, pourtant le côté destructeur qu'il impose à ses vocalistes principalement mainstream le rapproche plus de Oneohtrix Point Never qu'on aurait pu le soupçonner. Il fait de la viande hachée du Weeknd sur "Wild Love" et sape la championne de retour Ariana Grande sur "Quit" avec des ajustements de fond perturbateurs. Ty Dolla Sign semble particulièrement stressé tout au long de "Infinite Stripes," une tempête tranquille dispersante. Mais c'est précisément ce pour quoi ces gens ont signé : le privilège d'être manipulés par le génie fou du monde de la musique électronique. 9 aurait facilement pu être une distillation commerciale sécurisée de son style, comme le laissait entendre le slinky "Trust Nobody" de Selena Gomez et Tory Lanez. Au lieu de cela, son expansion intransigeante vers plus d'étrangeté fait de Cashmere Cat un hors-la-loi digne de confiance.
Video Salon: Video Salon [Not Not Fun]
Une collaboration bienvenue russo-américaine en ces temps autrement traîtres, Video Salon associe le transe orale de Galya Chikiss à la gravité désolante de Brian Pyle, un producteur basé dans le nord de la Californie, connu dans certains cercles pour ses sorties en tant qu'Ensemble Economique et Starving Weirdos. Ensemble, tous deux exploitent la force des anciens enregistrements de Chris & Cosey avec ces cinq pistes principalement allongées. Il faut presque six minutes avant que la voix de Chikiss ne passe du silence à la verbiage sur "Shimmer Without Heat," son ton glacé et délibérément haletant dans ces environnements de dub froid impossibles. "Blue Flowers" tempère le bruit inquiétant avec un drone ambiant, tandis que "Shift East, Half Moon On The Rise" commence par un chant en chambre d'écho vers son vide métallique scintillant. L'immersion est la mission, et Video Salon a l'intention de rendre les auditeurs inconfortables tout en les berçant simultanément dans un état de soumission. Ainsi, lorsque le morceau de clôture "Stars Reflecting" produit une destination curieusement plus mélodique et accessible que prévu, cela prouve l'aspect le plus sinistre de tous les indices et indices ominés de l'album.
Gary Suarez est né, a grandi et vit toujours à New York. Il écrit sur la musique et la culture pour diverses publications. Depuis 1999, son travail est apparu dans plusieurs médias, y compris Forbes, High Times, Rolling Stone, Vice et Vulture. En 2020, il a fondé la newsletter et le podcast indépendants de hip-hop Cabbages.
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